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Quel est l’homme derrière PampaType ? J’ai fait des études de graphiste à
Córdoba en Argentine où je suis né. J’ai ensuite
travaillé pour des journaux et des magazines à Buenos
Aires avant de décider d’approfondir ma connaissance de la typographie
que j’ai toujours aimée. J’ai donc déménagé
en Europe et suivi deux cours de postgraduate à l’Université
de Reading (Royaume Uni) et à l’ANRT (à Nancy). J’habite
actuellement à Puebla, au Mexique, où j’enseigne la typographie
et la mise en page à l’Universidad de las Américas Puebla. Vous semblez être un spécialiste de la relecture de caractères classiques. Pourquoi cet intérêt ? Je ne pense pas être un tel spécialiste.
Il y a des gens comme Robert Slimbach ou Matthew Carter qui font autorité
en la matière. Je pense que la relecture est un facteur majeur
de l’évolution du dessin de caractères. Pourquoi avoir continué vos études en France ? L’ANRT, qui dépend du Ministère de la Culture, a une très bonne réputation dans mon pays, et représentait pour moi une opportunité rare de rester en Europe encore un peu après avoir finis mon Master à l’Université de Reading. J’ai passé avec succès un entretien au Musée d’Orsay et ils ont trouvé intéressant de me donner la possibilité de travailler sur mon projet Rayuela. Il s’agissait d’une combinaison parfaite de ressources, de tranquillité, d’un environnement agréable aux Beaux Arts de Nancy (Capitale de la Loraine), partagée avec des professeurs (principalement Suisses) qui visitaient régulièrement l’atelier pour nous donner des conseils. Je suis tout particulièrement reconnaissant à Philippe Millot et Hans-Jürg Hunziker pour leurs contributions.
Si vous comparez l’enseignement de la typographie en Amérique du Sud, en Grande-Bretagne et en France, quelles différences (si tant est qu’il y en est) voyez-vous ? C’est une question difficile. Il serait très prétentieux de dire que mes expériences personnelles sont représentatives de ce qui se passe dans les pays concernés. N’est-ce pas ? Mon expérience à l’Université de Buenos Aires (pas du tout représentative de l’enseignement de la typographie en Amérique du Sud) était caractérisée par une approche très collective de l’enseignement. Partager quatre ou cinq heures chaque vendredi avec 300 étudiants peut vous donner une idée de ce que je veux dire. A Reading (GB) en revanche, l’approche était plus individuelle ; il fallait s’adapter avec la littérature, écrire des essais sur des sujets spécifiques, suivre des cours, et respecter les deadlines. L’ANRT propose enfin une approche plus collaborative, dans la mesure où vous partagez votre expérience et votre espace avec quatre autres étudiants (à qui je suis également reconnaissants). C’était une période plus relax, sans deadlines ni pression. Si vous savez exactement ce que vous voulez faire, c’est le meilleur endroit pour étudier. L’automotivation et l’automanagement est toujours très important où que vous étudiez, mais les gens autour de vous sont complètement différents. Je crois plus dans l’approche collective de l’enseignement. Vous êtes argentin et travaillez désormais au Mexique. Pouvez-vous nous en dire plus sur le paysage typographique sud-américain ? Tout d’abord, je tiens à rappeler que le Mexique
est en Amérique du Nord. L’Amérique Centrale commence
au Guatemala et s’achève au Panama, où commence l’Amérique
du Sud. C’est une erreur commune en Europe, favorisé peut-être
par l’idée que les pays latino-américains ont la même
culture parce qu’ils parlent la même langue, ce qui n’est pas
aussi évident. La manière dont nous parlons espagnol d’Ushuaïa
à Tijuana, n’est pas exactement identique et est profondément
lié à la culture qui existait avant la conquête
espagnole. Est-ce que cette culture peut-être une source d’inspiration (glyphes amérindiens, typographie coloniale) ? Oui, je pense que ce type de sources ont été
très utilisées par les designers latino-américains
ces dernières années. De bons sites - comme l’argentin
santotipo.com,
le brésilien tupigraphica.com.br
ou le chilien tipografica.cl
- montrent combien s’est développé un engagement inspiré
pour une typographie vernaculaire inspirée des affiches de rue
et de la culture populaire. Avec des variantes locales, cette tendance
se retrouve également au Mexique et dans d’autres pays latino-américains.
Les graphistes se prennent d’enthousiasme pour leur propre culture graphique
et la privilégie au lieu d’importer des formules prêtes
à l’emploi, comme c’était le cas dans les années
1980. Quoiqu’il en soit, je pense que cet enthousiasme actuel engendrera
de nouvelles expériences dans l’avenir, certainement significatives.
Car dans le cas contraire, le risque est grand de se complaire dans
une sorte de fétichisme, qui in fine, n’améliore pas vraiment
la situation.
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