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Mark Simonson

 

[Mai 2007]
“Je griffonne beaucoup et la plupart du temps, je griffonne des lettres. Quelquefois les idées viennent de ces griffonnages.”
Mark Simonson


MS Studio

Comment êtes-vous devenu dessinateur de caractères ?

Felt Tip par Mark SimonsonJ’ai commencé à m’intéresser au dessin de caractères alors que j’étudiais le design graphique au collège au milieu des années 1970. J’avais beaucoup d’idées et je dévorais tous les livres que je pouvais trouver sur le sujet. J’ai essayé de vendre ma première création à ITC en 1979, mais elle a été rejetée. J’étais découragé ; sans toutefois perdre mon intérêt pour la discipline. En 1984, le Mac a été commercialisé et j’en ai acheté un. J’ai acheté Fontographer quand il a été lancé l’année suivante et j’ai commencé à dessiner des polices Postscript, même si je n’en ai vendu aucune au début. Mon premier contrat de commercialisation date de 1992 avec Fonthaus. J’ai continué depuis à faire des fontes, en particulier après 2000 quand j’ai décidé de m’impliquer plus sérieusement.

Qu’est-ce qui vous a fait changer de votre ancien métier de directeur artistique ?

Cela n’a jamais vraiment été une question. Je me suis toujours pensé comme dessinateur de caractères avant même que je ne vende la moindre fonte parce que c’était quelque chose que je voulais faire et que je voulais apprendre à faire. Lorsque je travaillais comme directeur artistique, chaque fois que l’opportunité se présentait, j’incorporais mes propres lettrages dans le dessin. J’ai également souvent utilisé mes propres polices de titrage en apprenant ainsi à en gérer l’espacement.

Comment commencez-vous un nouveau projet ?

Je griffonne beaucoup et la plupart du temps, je griffonne des lettres. Quelquefois les idées viennent de ces griffonnages. D’autres fois, je vois des lettres sur un vieux panneau ou dans un magazine et j’essaye d’imaginer à quoi pourrait bien ressembler les autres lettres de l’alphabet et si l’ensemble ferait une bonne typo.

Vous semblez apprécier le style Art Déco…

Typo Art DecoJ’aime énormément de styles différents but j’ai une faiblesse pour les lettres du milieu du XXe siècle, ce qui inclut la période Art Déco. Je ressens comme une connection affective avec cette période vraisemblablement parce que j’ai appris les lettres en regardant autour de moi quand j’étais enfant. Je suis né en 1955 et il y avait alors de nombreux signes de cette époque quand j’étais jeune. Je pense qu’ils ont laissés une très forte impression sur moi. Même aujourd’hui, je peux encore me rappeler certaines choses qui ont été imprimées avec ces lettres et vous dire de quelle typo il s’agit tant l’image est claire dans mon esprit.

Vous pratiquez également le lettrage commercial aussi. Est-ce très différent ou plutôt complémentaire du dessin de caractère ?

Lettrage de Mark SimonsonTypographie et lettrage sont superficiellement similaires mais profondément différent. Avec le dessin de caractères, toutes les lettres doivent bien passer dans toutes les combinaisons, quelque soit le mot composé. Aucune lettre dans une fonte ne doit trop attirer l’œil à elle seule. Avec le lettrage, les lettres doivent être belles uniquement pour un mot ou une phrase particulière. Dans le lettrage, il y a moins de restrictions, mais cela constituerait un bien plus gros travail que de lettrer un livre entier. C’est un peu la différence entre une pile de briques et un monticule d’argile. Vous pouvez faire un mur d’argile ou un vase avec les briques, mais ce serait mieux de faire l’inverse. La différence entre le dessin de caractère et le lettrage est de cet ordre.

Vous êtes l’auteur d’un article très critique sur l’Arial. Que lui reprochez vous ?

ArialArial a été dessiné comme un substitut de l’Helvetica. Sans Helvetica, pas d’Arial. L’Arial est donc devenu populaire parce que l’Helvetica l’était déjà et du fait de la domination de Microsoft dans le domaine des systèmes d’exploitation, on la retrouve sur tous les ordinateurs individuels de la planète. En outre, il n’est pas aussi bien dessiné que l’Helvetica. Il n’aurait jamais connu un pareil succès avec ses propres mérites. En résumé, je dis qu’il s’agit d’un police de caractères médiocre qui ne mérite pas sa popularité.

Quels sont vos derniers projets ?

Je suis en train de finir pour commercialisation trois nouvelles fontes. Toutes les trois sont basées sur des lettrages utilisés pour des titres de film dans les années 1940. Je travaille également sur divers autres projets de fontes commerciales en collaboration avec des développeurs de fontes ; mais je ne peux pas en dire plus aujourd’hui.
Article associé: Coquette portraits de caractère (Avril 2007)