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František Štorm

 

[Mai 2007]

“La typographie se passe dans les livres,
pas dans la rue.”


František Štorm


Stormtype.com

Qui est František Štorm ?

C’est moi. 41 ans déjà à parasiter sur cette planète

Vous êtes reconnu comme spécialiste de réinterprétations de caractères historiques. Pourquoi cette spécialisation ?

František ŠtormLa typographie humaniste et celle des Lumières correspond à un moment critique du développement humain. Les caractères baroques sont à la fois beau et fonctionnels. De mon point de vue, il n’y a eu aucune amélioration significative depuis la fin du XVIIIe siècle à nos jours.

Pour être honnête, tous ces mouvements avant-gardistes ou post-modernes, quelque soit la manière dont vous les qualifiez, n’ont pas eu plus d’impact que le bruit d’un insecte, avec une espérance de vie très courte. La typographie se passe dans les livres, pas dans la rue.

Vous avez déclaré dans le passé que « la technologie a apporté beaucoup de mauvaises choses à la typographie ». Quelle est votre position sur la numérisation de la typographie ?

František ŠtormJe reste optimiste. La technologie typographique est maintenant dans de bonnes mains, celles de gens doués comme Yarmola ou Twardoch, sans compter la douzaine de programmeurs qui développent FontLab. Si la même attitude pouvait prévaloir chez Adobe, nous gagnerons.

Notez que je ne mentionne pas l’aspect social tant décrié en disant « les ordinateurs sont devenus bon marché, tout le monde peut s’improviser typographe… ». Il est normal que les gens fassent des erreurs. Les machines ne sont pas responsables pour la mauvaise éducation (graphique) des gens.

Vous êtes également un défenseur de la culture typographique tchèque. Quels en sont les personnages clés ?

František ŠtormCertains sont présentés sur mon site (Marek Pistora, Otakar Karlas, Vojtěch Preissig, Jan Solpera, Slavoboj Tusar and Josef Týfa pour ne citer que les plus connus).

Nous ne devons pas oublié les moins connus voire les absolument pas connus typographes, imprimeurs, directeurs, qui dans le passé se sont impliqué dans la fabrication de caractères. Alan Zaruba a écrit un grand livre sur le sujet en couvrant le graphisme et la typographie en Tchécoslovaquie au XXe siècle. Pour autant que je sache, il devrait bientôt être publié. Ce ne sera pas aussi riche que son équivalent néerlandais, mais cela restera inspirant et élégant.

Il y aurait également du sens à publier les travaux de Vojtech Preissig. Il existe un matériel très important de dessins préparatoires pour des expériences non réalisées de caractères dans les collections privées qui attendent une première publication. Quelque chose de fantastique.

Lorsque vous vous décidez à créer un caractère qui vous est propre, où allez vous chercher votre inspiration ?

Je bois beaucoup de bière, je prends du bon temps avec des concepteurs de livres, j’écoute leurs demandes. Ce sont mes principales sources d’inspiration.

František ŠtormComme je le dis toujours à mes étudiants : il n’existe pas de caractères sans objectif – le fonctionnalisme d’abord, l’esthétisme ensuite. Le deuxième point est plus personnel consiste à faire passer ma propre approche dans les formes des lettres. On rejoint là ma passion pour la gravure sur bois et aussi pour la musique. Les parties horizontales correspondent à la mélodie, les jambages verticaux représentent le rythme.

Quand vous commencer à dire quelque chose sur les émotions et l’art en typographie, appelez tout de suite un psychiatre pour une assistance : le diagnostic est simple : trop de caractères !

De toutes vos créations, laquelle vous semble la plus intéressante ?

František ŠtormToujours celle sur laquelle je travaille. Anselm est le nom d’un système de caractères romains et sans-serif et correspond à une expérience typographique essentielle pour moi.

Quoiqu’il en soit, je déteste toujours mes vieux caractères et je suis toujours surpris quand quelqu’un veut en acheter. Regardez Clichee ou Tenebra, comme elles sont à la fois à la mode et bon marché, décorative et kitch, ou bien encore Mramor (quel nom !) ou encore Regula, IdealGothic et bien d’autres encore. Je ne les utiliserai jamais.

Une question provenant d’un utilisateur de l’alphabet latin occidental… quelles sont les spécificités des caractères pour l’Europe Centrale ?

František ŠtormNous n’avons pas inventé les signes diacritiques. Ils sont tous laids, aucun doute à ce sujet, qu’ils viennent d’Europe de l’Est ou de l’Ouest car ils brisent l’alignement de magnifiques caractères. Mais nous devons vivre avec et il n’y a pas d’autres moyens que de les faire visibles et lisibles. Je collectionne les commentaires d’utilisateurs d’Europe orientale pour améliorer mes versions baltiques, polonaises serbes, etc.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur le paysage typographique tchèque ?

Yeah (sic). Vous connaissez sûrement Tomas Brousil (Suitcase), mon étudiant. Ensuite je citerai dans le désordre Jan Cumlivski, Michal Smejkal or Jan Augusta. Pour faire simple, vous pouvez aller jeter un œil sur www.typosemestr.cz, le site web de mes étudiants où vous pouvez entrapercevoir l’avenir de la typographie tchèque.

Nous aimons également beaucoup des magazins comme Typo ou Revolver Revue, de vraies plateforme pour les générations à venir.


Article associé: Anselm portrait de caractère (Août 2007)