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Qui est Luc Devroye en quelques mots ? Tu peux consulter ma page web pour les details biographiques. Comme tu peux le remarquer, je suis prof d’informatique et de mathématiques a l’université McGill à Montreal depuis 1977. J’ai quitté la Belgique en 1972 pour étudier à l’université d’Osaka (Japon) et l’université du Texas à Austin, ou j’ai recu un doctorat en 1976. Mais la principale raison était d’eviter - legalement, bien sur - le service militaire en Belgique. Ne supportant aucune autorité, je devrais normalement être sans emploi. Heureusement, à l’université, j’ai trouvé un style de vie qui me convient - liberté de pensées, pas de 9 à 5, et beaucoup de temps pour apprendre et pour faire des recherches. Et comme Montreal est fantastique - c’est la seule ville européenne en Amérique du Nord -, ma femme et moi avont decidé de rester ici. On garde le contact avec nos familles en Belgique, et je suis resté très «belge». Pour mes visiteurs, j’ai toujours une provision des meilleures Trappistes dans ma cave. Pourquoi cette passion pour la typographie ? Oui, tu as raison, je suis un fou de typographie.
Un de mes rêves était de déveloper un système
pour écrire des livres de mathématiques dans le style
des grands matheux, lorsqu’ils expliquent leurs idées sur un
tableau. Dans mon domaine, la grande catastrophe a été
l’arrivée des logiciels comme Word, Powerpoint, etc.
Tu verras que le texte embrasse les figures avec ses flêches. Ce style d’exposé est ce qu’il faut pour des cours de math, et aucun logiciel nous permet presentement de le créer. Je m’interesse donc à tout ce qui peut m’aider dans ce projet. Entretemps, j’ai beaucoup appris dans le domaine de la typographie. Des
le début, vers 1993, j’ai fait des recherches en typographie.
Par exemple, j’ai developpé une famille de polices pour l’écriture
connexe avec 1600 glyphes (lettres, pairs, triples) - donc, dans un
texte, tout devient ligature. Un exemple (imparfait) est ici: Ta page de liens est la plus complète qui existe sur le sujet. Comment ten es venue lidée et maintenant comment senrichit-elle ? Au
début, mes pages étaient faites pour moi-même: je
voulais organiser mes idées et mes données. J’ai découvert
très vite que ca ne vallait pas grand chose d’avoir des liens
passifs - il fallait expliquer, trouver le bon contexte. C’est le principe
de la valeur ajoutée. Donc cela m’a forcé à apprendre
l’histoire de la typographie et d’identifier les grands mouvements.
Je me trouvais fasciné par la beauté des formes, ému
par la perfection des Bodoni et des Didot, déçu
par la commercialisation, et en même temps interessé à
l’interaction entre l’art et l’ordinateur. Du coup, c’est devenu un
vaste projet, que je continuerai probablement pour le reste de ma vie.
Les gens me demandent comment je peux gérer à peu près 170 pages à la fois. Le secret est que j’ai juste un fichier monstre dans lequel j’ai toute l’information. J’ai écrit un logiciel pour (re)génerer mes pages à partir de ce fichier en quelques minutes. Tu écris également des articles sur la typographie ? Cest juste pour le fun ? Oui,
de temps en temps, j’écris des articles. Ma première production
était Random
fonts for the simulation of handwriting (1995). Depuis cette époque,
trois étudiants ont déjà fini une thèse
avec moi. Qu’est-ce que l’ATypI et qu’y fais-tu ? L’ ATypI? Mais c’est l’ Association Typographique Internationale,
créée en 1957 par un fameux francais, Charles Peignot!
Chaque année, l’association organise un congrès, une vraie
fête typographique. Je ne suis pas membre de l’ATypI, mais par
contre, j’essaie de participer à chaque congrès, bien
que ce ne soit pas toujours possible avec mes cours à McGill.
J’y participe comme un étudiant: tu me trouveras au premier rang,
en train d’écrire et d’apprendre, hypnotisé. |
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