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Ellen Lupton

 

[Novembre 2007]
“pensez plus, dessinez moins ! ”
Ellen Lupton

Ellen Lupton

Comment en êtes vous venu à vous intéresser à la typographie ?

Quand j’étais enfait, j’adorais l’art. J’ai développé un intérêt pour tout ce qui touche à l’écriture et au langage. La typographie est à la confluence de ces deux intérêts.

Vous êtiez la conservatrice du Herb Lubalin Study Center for Design & Typography. Qu’est ce que cette institution précisément ?

J’ai été conservatrice du Herb Lubalin Study Center de1985 à 1992. Il s’agit d’une galerie et le musée de la collection de l’école d’art et d’architecture de New York, The Cooper Union. Je suis aujourd’hui conservatrice du département de design contemporain au musée national du design Cooper-Hewitt, également à New York. Il s’agit du seule musée aux Etats-Unis entièrement consacré au design, historique et contemporain. J’organise des expositions et édite des publications et des programmes.

En tant qu’éducatrice, sur quel aspect du design apportez-vous une attention plus particulière ?

Je mets surtout l’accent sur le fait que le design est une pratique vivante, non un débat théorique mais un travail concret dans un studio. J’insiste sur la valeur de communication au public du design plus que sur sa dimension d’expression personnelle.

Pouvez vous commenter votre fameux “think more, design less” (“pensez plus, dessinez moins”)

Comprendre la typographieLes étudiants font souvent trop de “design.” Par cette affirmation, j’entend qu’ils conçoivent des pages compliquées et chargées avec des portées d’ombre, des dégradés, des boites transparents, parce qu’ils n’ont pas d’idées fortes ou ne sont pas intéressées par le sens de ce qu’ils sont censés communiquer. Je défend l’idée qu’il est de leur devoir de rendre le message intéressant et attractif au lieu de le noyer dans dans des artifices visuels.

Pouvez vous présenter votre galaxie de sites internet ?

Ma galaxie de sites internet comprend :

  1. mon site web personnel qui est la “vitrine” de mes idées, ELupton.com (formerly www.DesignWritingResearch.org),
  2. mon blog Design-Your-Life.org qui traite du design dans la vie de tous les jours,
  3. et les deux sites internet liés à mes livres, ThinkingWithType.com (Comprendre la typographie en français) et DIYKids.org. Je pense en effet que chaque livre ou projet se doit d’avoir son propre site web.

Dans votre livre “Comprendre la typographie”, vous proposez une section entière consacrée à la ‘grille’. Est-ce que ce concept est si central en matière de culture typographique ?

Grille typographiqueLa grille est un concept central pour notre système d’écriture en général, qui consiste en des lignes de lettres arrangés dans des colonnes. Il est important pour les designers de comprendre la grille aussi bien en tant qu’outil invisible inclus dans notre écriture et nos logiciels, qu’en tant tant qu’instrument théorique qui peut être utilisé avec une grande liberté.

Vous semblez avoir une affection particulière pour la police de caractères Scala…

J’ai commencé à utiliser la Scala au début des années 1990 lorsque Robin Kinross me la fait remarquer et que nous avons composé un petit livre avec intitulé « Graphic Design from the Netherlands: A View of Recent Work ». Je l’ai utilisé plusieurs fois depuis. J’aime ce mélange de géométrie et d’humanisme. J’aime ses croquants empattements et son grand oeil.

Qu’est-ce qu’internet a apporté à l’art typographique ?

Internet nous a aidé à à réfléchir de nouveau sur les systèmes graphiques et les rêves de communication universelle. Les feuilles de styles CSS sont des outils sociaux et théoriques puissants. Au moment où nous pensions que les règles disparaissaient, nous avons vu apparaitre de nouvelles règles à fort objectif social.

Vous êtes à l’origine de deux concepts originaux liés à la typographie: la notion de « crime contre la typographie » et le « manifeste des police des caractères libres ». Le premier peut être vu comme une extension de votre programme éducatif, le second semble plus controversé…

Free font manifestoJe pense qu’il est plus intéressant de mener la controverse au sein de notre profession qu’à l’extérieur. L’idée de « caractère libre » touche à des problèmes sociaux de notre temps. J’ai beaucoup appris en discutant directement avec des typographes sur cette question. J’ai conservé un historique des dénat sur mon site web parce que je pense que tout ce débat pourra être perçu différement dans une vingtaine d’années. Qui sait quoi ? Il est bon pour les étudiants de réfléchir à ces questions.


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