Planète typographie MyFonts
   

[Mai 2002]
Lucas, Goudy & Trajan éclairent Le Monde

   

En 1995, Le quotidien Le Monde avait changé de maquette et avait fait appel à Jean-François Porchez pour lui concevoir un ensemble cohérent de caractères typographiques dédiés.

En 2002, le journal a repensé sa présentation, sans remettre en question certains choix fondamentaux de 1995, selon deux directives principales : améliorer le confort du lecteur et l’élégance de la maquette pour aller délibérément vers plus de classicisme et offrir la possibilité de publier des images dans tous les espaces du quotidiens. En matière typographique, cela s’est traduit par l’introduction des caractères Lucas, Trajan, Goudy et The Sans en plus du caractère de labeur de Porchez, légèrement révisé toutefois (Le Monde Terre).

Pour la graphiste Nathalie Baylaucq, en charge de ce projet : 
« Quand on travaille pour Le Monde, on a un seul dévoir : l’aider à rester Le Monde. Le Monde doit donc changer graphiquement pour rester lui-même. Mais étant un journal de référence, un titre de qualité, il se doit d’avoir plus de lettres avec empattements que de caractères bâtons. Il doit se méfier de ce qui est fortement encré, des noirs ou blancs, des flaques de trame, d’un dessin trop appuyé des pages qui doivent se dégager par elles-mêmes, dans le déploiement des titres et des textes sur la page. »

Les nouveaux caractères

Le premier caractère à faire son apparition est âgé de près de 19 siècles puisque, c’est un caractère inspiré de l’épigraphie relevée sur la colonne trajane de Rome : le bien nommé Trajan  de Carol Twombly, qui ne se compose qu’en capitales. Les têtières, placées au plus haut des pages pour indiquer leur contenu sont ainsi composées dans ce caractère.

Les caractères des titres des pages d’actualité sont l’ouvre du typographe néerlandais Lucas Adrianus de Groot. Pour Le Monde il a dessiné un caractère naturellement condensé et rond, avec « un port altier » et déclié en trois graisses.

Comme tous les quotidiens, Le Monde, joue également avec les contrastes entre romain et linéales. C’est ainsi que pour les sous-titres, le journal a retenu une autre des créations de Lucas de Groot, le The Sans.

Enfin, la séquence Horizons, placées au cour du quotidien, a recours à un fin caractère de titre parfois imprimé en grisé, le Goudy, du nom de son créateur, le très prolifique Frédéric W.Goudy.

Au final, le résultat est quand même un peu plus hétérogène que dans sa version précédente, le choix du Trajan en particulier pouvant être considéré comme un tantinet audacieux.


Par Jean-Christophe Loubet del Bayle d’après un article paru dans Le Monde en janvier 2002.