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Manuale typographicum

e XVIIIe siècle est d’abord le siècle de trois typographes d’exceptions, Caslon, Baskerville et Bodoni, qui repensèrent et améliorèrent les dessins des caractères. William Caslon (1692-1766), créateur du caractère qui porte son nom, a gravé un type remarquablement pur et lisible. Son compatriote John Baskerville (1706-1755) a gravé, quant à lui, un caractère qui connut un vif succès en Europe et dont Beaumarchais acquit les droits pour imprimer son édition des Œuvres de Voltaire.

Baskerville
Caractère Baskerville, XVIIe siècle
Caslon
Caractère Caslon, XVIIe siècle

Le travail de Baskerville fut repris à Parme par Giambattista Bodoni (1740-1813), qui inventa le premier caractère didone, également appelé « moderne », qui reposait sur le principe d’une exagération des contrastes entre les pleins et les déliés des lettres. Le nom de cette famille de caractère vient de celui de la famille Didot, imprimeurs, graveurs, fabricants de papier, dont un des membres, Firmin, dessina le caractère type de cette famille.


Caractère
Bodoni, XVIIe siècle

La Révolution Industrielle va faire entrer la typographie dans une nouvelle ère, qui dans un premier temps, ne sera pas très heureuse. En 1810, l’invention des presses à cylindre permet au journal le Times de Londres d’imprimer plus de mille cent feuilles à l’heure. La typographie va alors être victime de l’impression de masse et de sa mauvaise qualité d’ensemble. De plus, le Romantisme qui a mis à bas le classicisme de la Renaissance, va se révéler incapable, tout au moins dans le domaine typographique, d’apporter des innovations heureuses: « C’est à qui, dans les compositions, pourra présenter le plus odieux mélange de caractères de mauvais goût » pour reprendre les mots de V. Letouzay (La typographie).


Caractère Clarendon, 1845

On peut toutefois distinguer dans la typographie anglaise de la fin du XIXe, des caractères d’imprimerie qui sans pouvoir être qualifiés d’esthétiques n’en sont pas moins intéressants. On peut ainsi citer le travail de Linn Boyd Benton pour la revue Century, ou encore le robuste caractère de la Cheltenham Press. Ces caractères ont en commun d’être solidement charpentés et donc lisibles, même dans de médiocres conditions d’impression.

Cheltenham
Caractère Cheltenham, 1890
Century
Caractère Century, 1890