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Pourquoi la typographie, plutôt que la mise en page ou bien le graphisme en général ? Ma
passion, c’est avant tout la typographie et son histoire, celle des
écritures, l’utilisation de caractères typographiques
en fonction des sujets à traiter. C’est aux Rencontres
internationales de Lure que j’ai attrapé ce virus. J’ai plutôt
une âme d’historien et pas du tout celle d’un créateur
d’avant garde, vous savez ceux qui font les modes ! Si je comprends
des créations de caractères comme ceux de Pierre di Sciullo
ou de Zuzana Licko chez Emigre, je n’ai aucune envie de les utiliser,
de la même façon que n’aimant pas la viande crue ou à
peine cuite, je n’empêche personne de se régaler d’un steak
tartare. C’est vrai que ma prédilection va aux caractères
récents s’inspirant des formes des siècles passés.
L’utilisation des caractères d’Éric
de Berranger, de Xavier Dupré, de Jean-François
Porchez, de Ladislas Mandel, par exemple, est pour moi une source
de grande joie, mais c’est sûr qu’ils ne conviennent pas particulièrement
à l’expression visuelle d’une manifestation de trial ou d’un
concert de hard rock. Mais il y a bien d’autres sujets à traiter
que ceux-là. En quoi linformatique a-t-elle révolutionné la typographie ? Je ne pense pas qu’elle ait révolutionné
grand-chose. Le fond du problème reste toujours le même
: c’est l’outil qui a changé, pas le métier. Quoique.
En même temps, tu connais tous les grands typographes « historiques » encore en vie, Adrian Frutiger en particulier Non pas tous, loin de là. Il se trouve qu’Adrian Frutiger me connaissait par mes livres. Quand j’ai reçu une lettre de Suisse signée de lui, j’ai d’abord cru à la blague d’un copain. Il me demandait si je voulais être son éditeur pour le français. Nous avons fait connaissance et avons tout de suite sympathisé. C’est un homme très simple, dans le bon sens du terme, pas du tout un prétentieux. Son ouverture d’esprit, sa culture typographique sont étonnantes. On est loin d’un certain fanatisme de typographie suisse internationale, qui n’est qu’un style graphique parmi les autres et dont l’arrogance s’est quand même un peu calmée. Travailler avec Adrian est agréable et nous nous comprenons bien. Il me considère un peu comme un jeune frère. |
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